L'UPA prête au dialogue avec les autochtones
1993/11/18
LE DEVOIR
Chartier, Jean

Plusieurs groupes économiques montréalais ont refusé de présenter un mémoire à la Commission royale sur les peuples autochtones, a confié dans les coulisses, hier, le coprésident, M. René Dussault. L'autre coprésident de la commission, M. Georges Erasmus, est absent de ces audiences à Montréal toute la semaine.

Le président de l'Union des producteurs agricoles, M. Jacques Proulx, a assuré, quant à lui, les deux commissaires présents, (M. Dussault et Mme Viola Robinson, une Mic-Mac de Nouvelle-Écosse), que son organisme est disposé à amorcer le dialogue avec les peuples autochtones et à susciter la discussion au sein de ses membres.

M. Proulx s'est dit convaincu que «la tutelle gouvernementale, les actions hors-la-loi et le développement économique parasitaire n'ont aucun avenir». Il a souligné que les discussions sur le partage du territoire ne sont pas faciles «surtout lorsque les principes préludant son partage ne sont pas acceptés par tous et que les règles du jeu demeurent obscures aux yeux de nombre d'interlocuteurs».

Le cinéaste Arthur Lamothe rappelle, quant à lui, le sort des Montagnais du Nord durant les 400 dernières années. «C'est vers 1840 que la Hudson Bay Company entreprend la pêche commerciale à grande échelle sur la Côte-Nord pour y capturer le maximum de saumons». Les problèmes des Montagnais avec les Blancs sont devenus des problèmes de territoire. La politique canadienne des réserves les a «parqués» sur dix acres alors qu'ils vivaient dans des bassins vastes comme celui de la rivière de Natasquan. Pour lui, le problème de la baie James est, à grande échelle, un problème comparable pour les Montagnais.

Un avocat montagnais (les jeunes Montagnais disent plutôt Innu), M. Armand McKenzie, a aussi livré une longue recherche sur les précédents juridiques que les Montagnais sont susceptibles d'invoquer contre la Convention de la Baie James et du Nord québécois et sur la Convention voisine du Nord-Est québécois. Il invoque notamment les décisions du juge en chef de la Cour suprême des États-Unis, le juge Marshall, dans des affaires mettant aux prises la nation cherokee et la Géorgie. Il cite ensuite une référence à un jugement américain dans une cause de 1980 devant des tribubaux canadiens contre le ministre des Affaires indiennes et du Nord canadien: «L'importance de la jurisprudence américaine ancienne pour la détermination de la Common law du Canada relative aux droits aborigènes est suffisamment bien établie devant les juridictions canadiennes de tout degré», affirmait ce jugement.