Arthur Lamothe l'homme de coeur
http://www.voir.ca/cinema/cinema.aspx?iIDArticle=34997#commentaires 2005/02/24
Journal VOIR
Michel Defoy

Le mépris n'aura qu'un temps: "Je l'ai revu (récemment) après bien des années. Je suis encore ému", de confier Arthur Lamothe.

Arthur Lamothe se repenche sur son cinéma à l'occasion d'une rétrospective que lui consacre la Cinémathèque québécoise.

Son intérêt pour les tribulations de la classe ouvrière ainsi que pour la question autochtone lui ont valu une réputation de cinéaste engagé. Arthur Lamothe rejette pourtant cette étiquette. "Je n'ai pas fait de cinéma engagé, répond-il. J'ai tourné des films qui me tenaient à cœur avec des gens que j'aimais. De nos jours, c'est la même chose. Engagé ou pas, le cinéaste fait des films qu'il aime, un point c'est tout."

Voilà. C'est dit. Homme de cœur, homme de passion, le cinéaste Arthur Lamothe ancre son art dans l'émotion. Quelque 40 ans de métier n'ont en rien entamé cet engagement (le mot, ici, est pertinent...). Et si c'était à refaire, le réalisateur né en Gascogne referait tout de la même manière. Enfin, presque. "J'aurais dû penser un peu plus à l'argent plutôt que d'y engloutir toutes mes ressources, avoue-t-il... N'empêche, comme le chantait Piaf, je ne regrette rien! J'étais très content de montrer mes points de vue. Et surtout de faire connaître aux Québécois la situation des autochtones du Québec."

La riche filmographie d'Arthur Lamothe se partage entre courts, longs et moyens métrages. Certains accouchés dans le documentaire, d'autres nés dans la fiction. Le premier mode semble généralement mieux lui réussir. "Dans les années 60, confie le cinéaste, on a descendu en flèche certains de mes films de fiction, disant que je manquais d'imagination, et les dialogues, de psychologie! Ça me fait bien rire quand je vois certains films actuellement sur les écrans..."


Le cycle préparé par la Cinémathèque échantillonne le parcours d'Arthur Lamothe en 14 œuvres, des premiers essais conçus au début des années 60 jusqu'aux longs métrages tournés au milieu des années 90. "J'aurais aimé qu'on y présente plus de films, mais il y avait des contraintes de temps. Il faudrait une deuxième rétrospective!" conclut-il.

Arthur Lamothe réfléchit sur trois des films programmés...

Le Silence des fusils (1996)

Fiction oscillant entre policier et commentaire social, inspiré de faits vécus.

"Pour moi, c'est un film loupé. Dans mon premier scénario, le rêve, l'univers intérieur des Indiens, intervenait beaucoup plus. Le scénariste que l'on m'avait imposé l'a rejeté et a transformé le film en polar. Par la suite, ce scénario qu'il avait construit et que j'ai tourné, il a refusé de le signer!"

Les Bûcherons de la Manouane (1962)

La vie "exemplaire" des bûcherons du Haut-Saint-Maurice captée à hauteur d'homme.

"Je pense que c'est mon premier et un de mes meilleurs films. J'aime l'image de la fin, quand Guy Charon, de Rivière-du-Loup, sort avec son cheval de l'écurie de Dufresne. On sent qu'il fait froid..."

Le mépris n'aura qu'un temps (1970)

Regard plein d'empathie pour la condition précaire des ouvriers de la construction.

"Je l'ai revu (récemment) après bien des années. Je suis encore ému. On y rencontre des gens plus intelligents que beaucoup d'hommes politiques en place... J'aurais aimé faire un genre de fiction avec des ouvriers, pour faire comprendre de l'intérieur ce qu'ils vivaient."

Du 2 au 30 mars
À la Cinémathèque québécoise
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Un grand merci à tous!
Je voudrais remercier chaleureusement Michel Defoy, ainsi que Voir pour avoir publié cet article. Je remercie également tous les internautes qui écrivent leurs commentaires sur le site. Vos réactions m'ont beaucoup touché. J'espère que pendant le mois de mars vous irez voir le reste des films à présenter à la cinémathèque. Je voulais aussi signaler mon site personnel où vous trouverez de nombreuses explications sur le tournage des films et sur leur contexte: http:/arthurlamothe.free.fr
Meilleures salutations à tous.

Arthur Lamothe
6 mars 2005
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À la Manouane...

Les images sont saisissantes. La réalité qui déferle devant nous est impitoyable...

Le Québec comme il l'a été pendant si longtemps, et comme il ne le sera plus jamais. C'est le témoignage d'une société repliée sur elle-même, d'un monde qui attend la venue d'une autre ère.

Ça semble si loin de nous, de notre quotidien, et pourtant, historiquement parlant, c'était déjà hier...

C'est un pont entre différentes générations qui ont sans nul doute manqué un rendez-vous avec l'histoire. Une façon de se regarder, à travers les yeux de ces bûcherons qui ont pu être des proches, parenté, oncles des temps anciens...

C'est un rendez-vous avec notre histoire, qui se doit d'être propagé au fil des générations, dans un coin de pays qui ne sera jamais plus le même après son entrée dans la modernité...

Yannick Beaulieu
6 mars 2005
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Il nous a déconcertés

Arthur Lamothe sera arrivé à un bien mauvais moment dans le paysage cinématographique naissant du Québec. Habités encore par toutes les aliénations qui sévissaient alors dans notre culture, nous avons été incapables de comprendre ses messages pour ce qu'ils étaient, soit des manifestations d'amour pour des humains que toutes les idées répressives nous avaient habitués à voir comme des presque inhumains. En effet, les autochtones et les ouvriers des travaux de l'infortune étaient alors ravalés au rang de personnes qui comptaient à peine pour des humains, pour des êtres qui ne pouvaient espérer leur salut que de l'au-delà, ce que nous rappelaient d'ailleurs ces bons curés qui desssinaient pour eux des vallées de larmes dans tous leurs sermons. Alors, de se faire montrer ces humains avec un supplément d'âme, la leur sans réduction idéologique augmentée de l'amour qu'il leur portait afin de nous les monter grandeur nature, nous a complètement déconcertés, nous a rendus perplexes sur la valeur et la justesse des visions que nous avions à leur endroit. Nous pensions que ses films documentaires ne pouvaient pas partir des réalités et qu'à l'inverse, ses fictions devaient avoir quelque chose à voir avec une réalité qui nous échappait. Il a pourtant eu des admirateurs de ses films chez nous et pas n'importe lesquels. Je me souviens par exemple d'avoir entendu Gilles Vigneault dire de lui qu'il était le cinéaste qu'il préférait. Je suis certain aussi que Félix Leclerc en pensait le plus grand bien. Si jamais il décidait de s'associer à quequ'un pour faire un nouveau film, comme cela lui est déjà arrivé, plutôt que de le faire avec un type du genre de celui qui lui a valu son film qu'il qualifie de raté, peut-être devrait-il en parler à Francis Leclerc. Je suis certain qu'ils se comprendraient bien.

Marc Audet
26 février 2005
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Un réalisateur défendant les droits des ouvriers.

Quand je regarde la filmographie d'Arthur Lamothe, je me dis qu'il en a fait du chemin dans le monde du cinéma. En quatre décennies, il en a tourné des films!! Je me rappelle qu'au cégep dans mon cours d'art cinématographique, on visionnait quelques unes de ses oeuvres. On étudiait vraiment tous les aspects d'un film; des angles des caméra au des plans, des dialogues au enchaînement des différentes scènes. C'était intéressant d'étudier ses films, parce qu'il y mettait toujours une touche personnelle qui le faisait démarquer des autres. Je me rappelle d'un film documentaire que la prof avait choisi de nous montrer. Ca réflètait la condition de vie des ouvriers dans les années 60-70. Ca m'avait vraiment marqué, parce que j'ai réalisé que dans ces années là, ils avaient la vie vraiment dure. Ce n'était pas comme aujourd'hui. Ils travaillaient fort et de leurs propres mains vu que la technologie n'était pas aussi développée. Bref, ça m'a fait réalisé que cette génération de personnes a donné leurs corps et leurs âmes pour construire la génération du future et j'en suis reconnaissant. Je considère Arthur Lamothe un peu comme un Robin des bois "social". Il dénonçait les conditions inhumaines des ouvriers dans ses films pour réveiller le gouvernement de cette situation. Les patrons étaient vraiment trop forts et abusait totalement des ouvriers. Je pense que Arthur Lamothe a réellement fait avancer la cause des ouvriers et qu'on lui doit une fière chandelle!!!! Bref, on est très chanceux d'avoir un réalisateur d'une telle envergure et je vous conseille de vous rendre à la cinémathèque québécoise pour apprécier ses oeuvres.

Serge Grégoire
25 février 2005
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Soyez vrais !

Enfin quelqu'un qui respecte ses passions, qui ne se renie pas pour l'argent. Oui, il aurait pu vouloir devenir riche et très connu, mais il a choisi de respecter ses intérêts. En plus, il ne le regrette pas...

De nos jours, la seule course est celle à l'argent. La richesse, la puissance, Le Profit dictent la vie de trop de personnes.

Si quelqu'un choisit de suivre ses convictions et d'essayer de les faires connaîtres, nous ne pouvons que l'encourager. Allez, comme moi, voir cette rétrospective, parlez-en autour de vous, lancez des débats, discutez...

Et surtout, respectez VOS passions, VOS convictions, soyez vrais !

Laurent Christin
25 février 2005
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Notre patrimoine cinématographique

Cela s'inscrit bien après l'hommage à Michel Brault. Ces hommes qui ont bâti notre culture cinématographique, relatant notre histoire, nos us et nos coutumes, aidant les plus jeunes et / ou les gens d'autres cultures à comprendre qui nous sommes et d'où nous venons.
Un tour du Québec et un tour des différentes générations, en restant au même endroit!

Cela nous invite une fois de plus à fréquenter la cinémathèque Québécoise, cette grande oubliée du cinéma. Pourtant elle est rempli de trésor, contrairement au BLock Buster et autres du même genre.
C'est une saine habitude à prendre, tient j'y pense, profitez -en pendant la semaine de relâche, amenez vos enfants les coûts y sont très abordables, surtout si vous avez la carte accès Mtl.
Vous en retirerez autant de satisfaction que vos jeunes!

Lou Charron
24 février 2005
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Un cousin français bien de chez-nous. votez pour cette réaction

Arthur Lamothe s'est affirmé comme un être passionné, profondément humain. Il est de la race de ceux qui vont au bout de leurs convictions. en tout temps, il conserve un caractère spontané et, de ce fait, on pourrait le croire peu raisonnable. C'est peut-être pour cette raison qu'il s'est si bien entendu avec les autochtones qui ont fait l'objet de plusieurs de ses tournages. Toujours en quête de réalisme, d'authenticité, il a vécu des semaines, voire des mois, à leurs côtés pour parvenir à réaliser ses ouvres.

Le seul reproche que l'on pourrait lui faire, (et encore, est-ce condamnable ?) c'est de s'être embourbé dans ce qui l'inspirait et de n'avoir aucunement exploité les filons qui conduisent au succès.

Suzanne Mongrain
24 février 2005
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Lorsque j'étais étudiant en secondaire V , nous avions une fois par semaine un cours de cinéma . Le professeur puisait dans les trésors de l'Office National du Film . Cela fait près de trente cinq ans et j'ai encore souvenir d'un film intitulé Les bucherons de la Manouane où l'on voyait les dures conditions de vie de ces hommes travaillant dans les chantiers de coupe de bois par des températures sibériennes . C'était loin de notre petit confort de citadin .
Arthur Lamothe , français d'origine , a une longue carrière derrière lui à l'ONF . Il a été tour à tour scénariste et réalisateur . Je me rappelle aussi d'un autre de ses films , Montréal-Manicouagan où il mettait en scène Gilles Vigneault .
Arthur Lamothe n'a jamais fait dans le film commercial et il est surtout reconnu pour son engagement envers les amérindiens qu'il nous a montré dans plusieurs films .
Il est temps que le peuple québécois reconnaisse l'oeuvre d'un pionnier , car monsieur Lamothe faisait partie de cette équipe qui ont fait que l'ONF a été reconnue mondialement pour la qualité de ses documentaires et qui a permis à plusieurs réalisateurs de faire leurs premières armes et de devenir célèbre , je pense bien sûr entre autres à Gilles Carle ou Denys Arcand .
Donc pour les vraie amateurs de cinéma-vérité , vous devez vous rendre à la Cinémathèque Québécoise en mars pour toute une découverte .

Richard Marenger Internaute dans les 10 meilleurs contributeurs de Voir.ca
24 février 2005

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Quelle richesse de culture et d'histoires. Merci à l'ONF de nous donner la possibilité de nous replonger dans notre histoire par le biais de ce cinéaste.
Les générations qui vont suivre auront la chance d'apprendre en visionnant cette partie de notre histoire ouvrière et politique par le biais d'un homme qui avait une vision réaliste des évènements.

Suzanne Charlebois
1 mars 2005